vendredi 10 février 2012

Un kit de préparation au mariage pour limiter les divorces?!


J’ai bien ri il y a quelques jours en écoutant un reportage pendant le JT de France 2, qui évoquait un kit de préparation au mariage civil que souhaite mettre en place le gouvernement.
De quoi s’agit-il ? Je suis allée me renseigner sur internet, vous pouvez comme moi vous référer notamment aux articles de l’Express et du Nouvel Obs. L’initiative vient de Claude Greff, la secrétaire d’Etat chargée de la famille. Ses annonces concernant ce kit remontent au 19 janvier dernier. L’idée est de sensibiliser la population, et en particulier les jeunes, aux droits et devoirs inhérents à la conclusion d’un mariage civil. On en parlerait à l’école ou pendant la JAPD, les élus municipaux seraient encadrés par une Charte Républicaine du Mariage actualisée, les futurs mariés participeraient à des réunions pré-mariage, d’une part pour se familiariser avec le cadre juridique (et donc notamment avec les enjeux en cas de divorce) mais aussi pour que la cérémonie de leur mariage civil soit plus personnalisée.
L’objectif annoncé est de renforcer le mariage (leur nombre a diminué de 10 000 entre 2010 et 2011) et, subséquemment, de limiter les divorces (aujourd’hui, un mariage sur deux se solde par un divorce), dont on reconnaît qu’ils ont un réel coût social (tant financier qu’affectif).
Je suis assez perplexe. La mesure me semble d’une naïveté incroyable.
Sensibiliser les jeunes mariés sur les conséquences potentielles d’un divorce, je trouve ça plutôt bien. Mais, selon moi, cela devrait déboucher, en toute logique, plutôt sur une diminution des mariages. Car, quand les hommes (puisque ce sont souvent eux qui gagnent plus que les femmes) vont se rendre compte de tout ce qu’ils peuvent potentiellement donner à leur ex-femme en cas de divorce, même si celui-ci a été initié par elle (et c’est le cas dans les 70% des divorces), ils risquent d’avoir plutôt envie de se rabattre sur le PACS, qui leur permet, tant qu’ils sont en couple, d’avoir les mêmes avantages que le mariage, mais qui, en cas de séparation, les soustrait au principe de la fameuse prestation compensatoire, mécanisme des plus désuets et machistes, qui doit permettre de compenser la perte de niveau de vie de la femme suite à son divorce (en d’autres termes : l’ex-mari continue d’entretenir l’ex-femme). Je peux être très prolixe sur ce sujet, j’aurai l’occasion d’y revenir.
Si on pousse la réflexion, pensez-vous qu’il faille expliquer aux futurs mariés ce que signifie le mot ‘fidélité’ ? Ils le prononcent, se le jurent devant M. le maire, point besoin de cours sur la teneur de ce serment. Or, nombre de divorces sont occasionnés, de près ou de loin, par des infidélités, autrement dit par un manquement aux devoirs de l’époux ou de l’épouse, qui sait pertinemment ce qu’il fait au moment où il va voir ailleurs. Pour autant, le divorce pour faute n’existe plus. La logique est donc la suivante : vous jurez fidélité devant le représentant de l’Etat. Plus tard, vous bafouez cette promesse, mais d’autres représentants de la Loi, en l’occurrence les Juges, estiment que cet adultère ne présume en rien d’une faute. Où est la logique ?
Je ne suis pas pour le retour d’un divorce pour faute. J’imagine que cela est logique au regard de l’évolution de la société, de même que la non-reconnaissance de l’adultère comme une faute va dans le sens de la protection des femmes. Celles-ci ont droit d’utiliser leur corps comme elles l’entendent.
Mais alors, pourquoi continuer à inscrire la fidélité comme un des liens fondamentaux du mariage ? N’est-ce pas cela qui est régressif ? Bref, l’annonce de ces mesures visant à soi-disant renforcer le mariage civil me semble plutôt révélatrice de la grande hypocrisie qui plane sur cette institution. Car, en public, on dit que les divorces ont ‘un coût social élevé’. Mais en privé, on sait pertinemment qu’ils génèrent énormément de richesses pour certains : avocats, notaires, juges, etc. (Demandez-vous : pourquoi la proposition de Rachida Dati en 2007, qui visait à permettre à certains couples de divorcer chez le notaire, a-t-elle provoqué un tel tollé chez les magistrats ?)
Quant à moi, je suis pacsée. Je n’ai pas eu besoin de passer devant le maire pour jurer fidélité. La fidélité est LE principe fondateur de mon couple, mais il n’est écrit nulle part. Et c’est peut-être pour cela qu’il vaut vraiment quelque chose.
L’engagement moral ne s’apprend pas à la veille de son mariage. Il est la résultante d’un long processus d’éducation, d’intégration de valeurs, au même titre que la citoyenneté ou la civilité. Un guide de bonne conduite ingurgité par les futurs mariés ne changera rien à la donne.

mercredi 8 février 2012

Machiavela versus la Sainte-Mère


Comme je le disais avant-hier, je n’ai pas reconnu mon homme dans l’image du père tel qu’il est décrit dans le livre de Dominique Devedeux.
De la même manière (et c’est peut-être un rapport de cause à effet), je ne reconnais pas vraiment Machiavela dans la description de la Sainte-Mère, entendez la mère de nos beaux-enfants. La différence dans la manière de nommer la même personne est d’ailleurs assez révélatrice.
Plus précisément, Dominique Devedeux, une fois encore, décrit des pères totalement soumis, et en l’occurrence, soumis à l’autorité de leur ex-femme. Pire, bien qu’ils ne vivent plus avec elle depuis de nombreuses années, ils continuent à lui trouver de nombreuses circonstances atténuantes lorsque certains manquements à leur rôle de mère sont avérés. De manière concomitante, même sans vraiment l’exprimer ainsi, il arrive que le père prenne la défense de son ex-femme plutôt que de sa nouvelle compagne. Je comprends dès lors ces belles-mères qui s’enfuient.
Non, je n’ai rien subi de tel. Chouchou est toujours parti du principe que son ex-femme était une mauvaise mère (parfois d’une manière qui pouvait sembler caricaturale). Quand je suis arrivée, j’ai pris en main les fourneaux et la logistique du foyer, toutes les tâches que Machiavela n’avait jamais daigné accomplir lors de sa vie commune avec Chouchou, et, dans le cadre de notre société machiste, mon investissement avant tout organisationnel était déjà une preuve de ma propension à être plus maternelle que la mère elle-même. Machiavela est autant haïe que je suis adorée par Chouchou, ce qui m’a toujours prémunie d’une comparaison en ma défaveur. Pire, il m’est arrivé, parfois, de nuancer les propos de Chouchou à l’égard de son ex-femme, pour qu’ils prennent une teinte un peu plus objective, notamment aux yeux des enfants.
Mais les faits sont là. Machiavela est une mère qui a perdu la garde de ses enfants, suite à la demande de ses propres enfants. Peu de juges octroient au père la garde de ses enfants, et, au-delà de toutes les attaques subies depuis, nous avons cela pour nous : un jour, une Juge a jugé que Chouchou était meilleur père (et, en filigrane, que j’étais meilleure belle-mère) que Machiavela n’était mère.
Il est pourtant quelques assertions dans l’ouvrage de Dominique Devedeux qui me parlent, notamment : ‘Madame l’ex ne pardonne pas à son ex d’être heureux sans elle’.
C’est si vrai. Toujours, elle cherchera à s’insinuer dans nos vies. Le problème pour Machiavela, c’est que son ex-mari, sur les conseils d’un psy, a, depuis bien longtemps, coupé tout contact avec elle. Pendant de nombreuses années, les ‘transferts’ des enfants se sont fait chez leur nounou, les parents ne se croisaient pas. Plus tard, quand la garde nous a été confiée, Machiavela, qui avait tanné le juge pour abandonner les transferts chez la nounou (elle rêvait sûrement de relations cordiales autour d’un petit café) s’est vue contrainte à venir chercher ses enfants à la maison. Malheureusement, c’était sans compter l’inflexibilité de Chouchou : il s’est empressé de construire un énorme portail pour l’obliger à faire demi-tour dans le chemin. Il n’y a eu aucun coup de fil entre les parents depuis près de 10 ans. A peine quelques sms. Aujourd’ hui, le peu d’échange qui se fait prend la forme de lettre, souvent en recommandé.
Mais Machiavela ne se décourage jamais. Dominique Devedeux l’exprime aussi : ‘On n’en sera jamais débarrassée.’ Machiavela, toujours, revient par la bande.
Au début, c’était en faisant la gentille. Passée sa rancœur d’avoir perdu la garde des enfants (et donc la pension), elle s’est revigorée, a tenté de faire la mère parfaite, un week-end sur deux et la moitié des vacances. Elle a commencé à mijoter quelques petits plats, a couvert ses enfants de cadeaux, ils en ont été reconnaissants. Elle les a emmenés en vacances, parfois ça débordait sur nos dates alors elle nous demandait de les lui laisser un peu plus de temps. Nous demander quelque chose, pour elle, c’était déjà faire en sorte qu’on pense à elle. Elle m’a même proposé (par l’intermédiaire de son fils), à la naissance de mes enfants, de venir m’épauler et de faire la babysitter ! Elle qui ne s’était jamais levée la nuit pour ses gosses, c’était vraiment très très drôle !
Evidemment, nous ne sommes pas dupes. Alors elle a changé de stratégie. Et, il y a quelques semaines, elle a à nouveau saisi le Juge aux Affaires Familiales pour récupérer de l’argent, suite au retour de sa fille de 19 ans chez elle. Alors on a reparlé d’elle à la maison, ça a dû la faire jubiler. Mais maintenant, on ne s’appesantit pas. On en parle 24 heures une bonne fois pour toute, le temps de mettre en place une stratégie de riposte, et puis on clôt le sujet. Surtout, se recentrer sur nous et nos enfants.
Et au diable le reste ! La meilleure protection, c’est le mépris.

lundi 6 février 2012

Jamais on ne m'a dit 'T'es pas ma mère!'

J’ai signalé ici l’ouvrage de Dominique Deveudeux, Au secours, je suis une marâtre ! comme une source d’information sur les belles-mères.
Qu’en dire ?
D’abord que Dominique Devedeux parle en tant que marâtre et en tant que psychanalyste, et qu’on doit lui donner le crédit de l’expérience : celle qu’elle a vécue d’un point de vue personnel, et celle qu’elle a tiré de nombreuses années de pratique au sein de son cabinet, dans lequel elle a entendu de nombreuses belles-mères et belles-filles. Je la crois de toute bonne foi lorsqu’elle précise que les exemples rapportés sont véridiques, et non exagérés, bien qu’elle assume parfaitement le statut de pamphlet à son ouvrage, et son parti pris : raconter les méfaits des belles-filles à l’égard de leur belle-mère.
Car ce que j’avais vaguement déduit de mon expérience est ici clairement énoncé : oui, mieux vaut avoir à s’occuper des garçons de notre amoureux plutôt que de ses filles. Pourtant, tout au long de ma lecture, j’avais le sentiment que les événements que j’avais vécus étaient bien en deçà de ce que la majeure partie des belles-filles semblent faire endurer à leur belle-mère. Oui, souvent, j’avais envie de croire que le propos était un peu démesuré. Pourtant, je ne pense pas.
Si j’estime m’en être plutôt bien sortie avec ma belle-fille (toute proportion gardée, car, au final, ça s’est mal fini – mais j’y reviendrai), c’est évidemment grâce à la posture de Chouchou. Dominique Devedeux le précise bien, quand elle exprime, en parlant du père, que « c’est entre ses mains que repose notre sort. Lui seul peut énoncer clairement à toute sa tribu quelle est  notre place, et la faire respecter. »
Ce qui m’a frappé, précisément, c’est le tableau du père peint en filigrane dans cet ouvrage : les pères sont mous, ne prennent pas parti, arrondissent les angles, laissent le champ libre à leurs filles pour détruire leur belle-mère. Comme si l’amour de leur fille, par définition antérieur à celui qu’ils éprouvent pour leur nouvelle femme devenue ainsi belle-mère, passait en priorité. L’enjeu principal, me semble-t-il est donc ici : l’essentiel serait d’éduquer les pères aux fondamentaux de la psychologie œdipienne. Car s’ils les maîtrisaient, ils comprendraient vite que le garant du bonheur d’une famille recomposée tient dans une seule valeur forte et simple : celle du respect.
Mes beaux-enfants n’ont jamais eu d’autre choix que de me respecter. J’étais le nouvel amour de leur père, la seule et unique femme que leur père leur ait jamais présentée depuis sa séparation d’avec leur mère (qui remontait à près de 4 ans). Il était, aux yeux de ses enfants, un homme fort, sûr de lui et de ses choix. Les enfants n’avaient pas de raison d’avoir de crainte quant à mon introduction dans la vie de leur père : il avait suffisamment été confronté aux méfaits de femmes pour savoir flairer l’embrouille. En tout état de cause, je ne voulais pas de mal à leur père.
Je ne nie pas que ma belle-fille ait signifié, dans son comportement, une certaine réticence à me voir prendre la place de la femme qu’elle tenait auprès de son père depuis le divorce de ses parents. Mais ses interrogations étaient contenues, car elles n’avaient pas droit de cité, et c’est probablement ce qui, en six ans, l’a empêchée de me rétorquer la phrase préférée des beaux-enfants : ‘D’abord, t’es pas ma mère !’.
Paradoxalement, je suis également persuadée que c’est ce qui l’a amenée, lorsqu’elle a eu 18 ans, à claquer la porte de notre foyer qu’elle avait pourtant demandé de rejoindre à temps plein quatre années plus tôt. Comme si elle avait cru que la majorité désormais acquise la légitimait à renier toutes les valeurs sur lesquelles son père avait basé son éducation. Et effectivement, quand la barrière du respect a eu sauté, il n’est rien resté des relativement ‘bonnes’ relations que j’entretenais avec elle – et accessoirement, de celles, pourtant excellentes, qu’elle entretenait avec son père.
La morale coule de source : c’est bien au père de fixer les règles et les limites. Mais, comme dans toute famille, il apparait que les enfants, peuvent, en grandissant, leur échapper. Quand les enfants deviennent adultes, ils font leur propre choix. L’avantage, c’est qu’une fois adulte, la belle-fille n’a plus l’obligation de partager le quotidien de sa belle-mère. C’est pourquoi aujourd’hui, bien que ma belle-fille chérie m’affuble désormais très probablement de tous les gentils noms que Dominique Devedeux liste dans son ouvrage (« la pouffe, la pétasse, la connasse, la vieille bique, la peau de vache, la salope, la belle doche (ou la moche doche), l’autre, la tache, la conne, l’abrutie, la naze »), nous ne sommes plus là pour l’entendre.
Alors je me dis : je m’en suis bien sortie.

vendredi 3 février 2012

Ma rencontre avec l’homme de ma vie, suite


(Pour le début de l’histoire, voir ici)
Le lendemain, au petit-déjeuner, j’étais déjà installée à la table de l’équipage quand il descendit. Il salua tout le monde de loin, et s’assit seul à une autre table. J’étais vexée comme un pou, car il restait, justement, une place libre à côté de moi. J’étais prête à lâcher l’affaire, mais tout de même, il ne m’avait parlé d’aucune autre femme, et je ne comprenais pas, dans ma parfaite prétention, pourquoi il ne s’intéressait pas à moi.
Dans l’avion du retour, alors que je passai à nouveau pas mal de temps au cockpit, je crus entrevoir une réponse à ma question : il était pédé. Il portait un parfum, M7, d’Yves Saint Laurent (aujourd’hui disparu), dont il m’avait vanté les mérites, et qu’il m’avait présenté comme la fragrance préférée des homosexuels (je pris ça pour une vérité, mais je compris plus tard que Chouchou parlait souvent au deuxième degré, et qu’il fallait se méfier de l’air sérieux avec lequel il pouvait débiter de pharaoniques bêtises). Cette supposition était tout à fait plausible : il semblait tellement dégouté de la gente féminine, que son ex-épouse représentait à ses yeux, qu’il s’était, naturellement, tourné vers les hommes. De fait, et très paradoxalement, il paraissait, sous ses airs de gentleman, éminemment misogyne.
A la fin du vol, je n’étais toujours pas décidée à disparaître ainsi sans laisser de trace. Je me rendis une dernière fois au poste de pilotage. J’avais préparé un petit mot, gentil, dans lequel je lui disais qu’il ne m’avait pas parlé de tout, que je ne connaissais pas le prénom de ses enfants (que n’avais-je imaginé, aveuglée que j’étais par ce drôle de coup de foudre ?!), ni de ses chevaux (il en avait à la maison), bref, quelque chose dont j’étais assez fière, qui ne faisait pas rentre-dedans, mais qui lui permettrait de lui montrer, concrètement, puisque visiblement il n’était pas très doué pour lire entre les lignes, que je déplorais d’en rester là. J’étais postée derrière lui, assis aux commandes, et je tentai, dans un ultime élan de témérité, de savoir s’il passait à la D.O (petit nom donné au QG logistique des navigants Air France) ou s’il allait directement prendre son vol pour Toulouse (c’est là qu’il habitait). Il me dit qu’il s’y arrêtait, et me proposa d’y boire un café. Ouf ! Rétrospectivement, je sais que Chouchou ne passe JAMAIS à la D.O à l’issue de ses vols. Je situe donc à ce point de l’histoire le moment où il a peut-être commencé à me regarder, disons, différemment.
Mais il faut remettre les choses dans leur contexte : j’avais 23 ans, lui 42. Et, clairement, bien qu’il ne cherchât pas à l’époque coûte que coûte une nouvelle compagne, je ne rentrais en tout état de cause pas dans ses critères. Comme bon nombre de quarantenaires redevenus célibataires mais happés par la charge des enfants, il n’avait d’autre choix (puisqu’il mettait, suite à son expérience, un point d’honneur à ne plus jamais partager son quotidien avec une hôtesse de l’air – à bien y regarder, plus que les femmes en général, c’étaient les hôtesses en particulier qui se voyaient confinées au statut de bêtes et méchantes manipulatrices) que de chercher à rencontrer des partenaires sur Meetic. Or, j’étais, de facto, exclue d’une possible rencontre avec lui, ne rentrant pas, évidemment, dans ses critères d’âge. C’aurait été indécent d’envisager une liaison avec une gamine de 20 ans sa cadette (Remarquez, de mon côté, j’avais aussi été inscrite sur Meetic, et avais fixé la limite d’âge à 15 ans de plus). Donc, forcément, s’il commençait à ressentir l’ébauche de quelque chose ressemblant à une espèce de sentiment légèrement amoureux, il lui était difficile, à ce stade, si ce n’est de l’accepter, du moins de l’identifier.
Autour du café qu’il m’offrit, nous continuâmes à parler de ses enfants, et il finit par m’inviter à venir passer un week-end chez lui, dans sa campagne. Mais il me précisa : ‘Juste pour monter à cheval, hein ?’ J’en concluais, désormais, qu’il avait ENFIN compris autour de quel pot je tournais, mais qu’il me signifiait clairement qu’il ne jouait pas dans la combine. Bon, j’acquiesçai (Evidemment, que t’es-tu imaginé ??), un peu déçue mais tout de même victorieuse d’avoir pu obtenir, sans même le lui demander, son numéro de portable. J’aurais tout le loisir de réfléchir à tête reposée et après quelques heures de sommeil, à ce que j’en ferai.
Et puis il me raccompagna au RER. Et là, il se passa un truc un peu comme dans les films : nous allions nous dire au revoir, il se pencha, et tenta de m’embrasser pour de vrai. Genre, le truc que j’attendais depuis 48 heures. Sauf que je tournai la tête, et le bisou claqua sur ma joue droite. J’étais totalement perdue, désormais qu’il montrait des velléités d’aller dans mon sens, je paniquais. Têtu comme il l’est, il ne se désarma pas, et tenta une deuxième fois. Et moi, en véritable bourreau des cœurs (ou, plus vraisemblablement, juste incapable de savoir ce que je voulais), je tournai à nouveau la tête vers la gauche.
Un peu troublée, je souris, et filai en courant vers le quai.
A peine montée dans le RER, je lui envoyai un sms. C’était parti !

jeudi 2 février 2012

C'est la chandeleur ! Ma recette de crêpes éprouvée


Pour une vingtaine de crêpes, il vous faut :
300 g de farine fluide
½ paquet de levure chimique
1 sachet de sucre vanillé
1 bouchon d’arôme de fleur d’oranger
1 bouchon de rhum
4 œufs
¼ de litre d’eau
½ litre de lait

Mettre dans le blender tous les ingrédients à l’exception du lait. Mélanger.
Racler les bords pour éliminer la farine collée, puis rajouter la fin du lait.
Laisser reposer une demi-heure avant de faire les crêpes.
Enfants et beaux-enfants ravis assurément !

Auuuuuuujourd'hui, j'ai rencontré, l'homme de ma vie !


Une belle histoire de marâtre commence par une belle histoire d’amour.
J’ai souvent repensé à ma rencontre avec Chouchou, surtout dans les moments où je me demandais pourquoi je faisais tous les efforts du monde pour être une bonne belle-mère. La vérité, c’est ça : si on fait tant de sacrifices, c’est juste parce qu’on aime le père de ces enfants souvent ingrats qui ne sont pas les nôtres mais pour qui on est prête à tout. Nous allons atteindre le cap fatidique des 7 ans de vie commune, et je pense que le pire est derrière nous. Si j’avais du me rendre compte que nous n’étions pas faits l’un pour l’autre, les événements m’auraient poussée depuis longtemps à le faire.
C’était en août 2005. J’avais 23 ans. Pour la troisième année consécutive, j’occupais mes deux mois de vacances scolaires à faire l’hôtesse de l’air. C’était un job en or, je voyageais aux frais de la princesse, me lovais dans les lits immenses d’hôtels dont  le prix des chambres aurait dû m’interdire de mettre les pieds avant de nombreuses années. Une fois en escale, je crapahutais à droite à gauche, chaque fois j’avais planifié les excursions que je voulais faire, les musées à visiter, les boutiques à dévaliser. J’expérimentais la vie en équipage, les fausses histoires d’amour et les vraies histoires de cul, il ne se passait pas un vol sans qu’un couple éphémère se forme – parfois j’en étais, je l’avoue. A l’autre bout de la planète, les gens oubliaient femmes, maris et enfants, c’était facile, ils n’en éprouvaient aucune culpabilité. Quelque part, ils étaient ailleurs. Ils avaient deux vies, strictement parallèles, qui jamais ne se recoupaient, et, pour beaucoup, coucher avec un ou une inconnu(e) ne revêtait pas du tout les formes de l’infidélité. Après tout, quand ils rentraient à la maison, ils étaient fidèles. Rarement les histoires se prolongeaient au-delà de l’escale, et c’était pour chacun une manière de minimiser, voire d’ignorer, une quelconque faute. C’étaient des parenthèses, courtes, bornées, limitées. Rien à voir, disaient-ils, avec de l’adultère.
Bref, j’en avais bien profité.
Je partais pour Miami, c’était mon avant-dernier vol. Quinze jours plus tard, je devais commencer un boulot de chargée de com dans une agence parisienne. J’étais dans le bus qui devait nous mener à l’avion. J’étais assise au fond, j’avais déjà, pendant le briefing, fait la connaissance des autres hôtesses et stewards. Le commandant de bord était passé également. Et puis là, il monta. C’était le co-pilote : 3 gallons à l’épaule. Quand je raconte ça, tout le monde croit que j’exagère, mais pourtant c’est ainsi : quand je l’ai vu monter dans le bus, je me suis dit ‘C’est lui !’.
La réciproque n’est pas du tout vraie, ce qui devrait rassurer sur la véracité de l’histoire. Si on avait été dans un film, il m’aurait regardée comme je le regardais, nos regards se seraient croisés, des petits cœurs se seraient répandus dans le bus, tout le monde se serait tu et les violons auraient résonné dans l’habitacle de l’autocar. Pas du tout. Il ne m’a pas vue, s’est assis devant, et le bus a démarré.
Pendant le vol, j’allai faire une visite au cockpit. Les pilotes, en général, aiment bien les hôtesses étudiantes, mais pas pour les sauter. Elles ne sont pas blasées, aiment ce qu’elles font, ont une autre vie en dehors de ‘la Compagnie’, et un recul qui souvent manque aux hôtesses qui font ce métier depuis des années. Je trouvais ce mec plutôt rigolo. Et puis ça m’avait marqué, il était allé se faire son café tout seul, et m’en avait proposé un. C’était rare les pilotes qui allaient se préparer leur café comme des grands. En fait, il était aimable.
Le soir, arrivés à Miami, j’allai dîner avec lui  ainsi que 2 ou 3 autres membres d’équipage. J’étais assez intimidée, et ça ne me ressemblait pas. Plus tard, nous allâmes, lui, un steward et moi, boire quelques bières chez Hooters, ce fantastique endroit où les filles circulent sur des patins à roulette avec des jupes raz-le-péché. Je bloquais clairement sur lui. Lui, de son côté (il me le dit plus tard), était persuadé que je draguais l’autre mec (n’importe quoi, il était moche, menfin bon !). La discussion tourna autour des hommes, des femmes, de l’infidélité, et, déjà, de son divorce et de ses enfants. Moi la dévergondée, j’étais paralysée et dans l’ignorance de la manière d’aborder ce type.
Nous rentrâmes à l’hôtel. L’expérience m’avait appris que c’était dans l’ascenseur que les membres d’équipage qui souhaitaient continuer à partager un peu de temps s’échangeaient leur numéro de chambre. Quand l’ascenseur s’arrêta à mon étage, il me souhaita une bonne nuit, je descendis, et allai me coucher toute seule. Bien plus tard, il m’apprit que jamais il n’avait couché avec une hôtesse en escale, que c’était une question de principe. Quand il était célibataire, il lui était arrivé d’en recontacter quelques unes après, mais n’avais jamais rien consommé pendant ces poches de temps suspendu ou rien n’est tout a fait normal.
Bref, c’était mal barré. 

mercredi 1 février 2012

Machiavela : introduction

Machiavela serait contente de savoir que je lui consacre mon premier billet. Elle aime se sentir au centre du monde, et surtout, surtout, jubile à l’idée que l’on puisse parler d’elle. Elle cherche à occuper le terrain tant bien que mal. Elle rêverait de boire le café avec moi, comme deux bonnes copines qui ont pour point commun d’avoir partagé la vie du même mec (et accessoirement, de lui avoir fait chacune deux enfants). Mais Machiavela se croit dans un film. Et ça, ce n’est pas possible.
J’en entends déjà me dire : c’est tellement cliché de haïr l’ex-femme de son mec. Mais je vous arrête.
Au début, j’ai écouté mon amoureux parler d’elle. Ses coucheries, ses tromperies, ses mensonges. Puis de sa décision à lui (et c’est bien ce que Machiavela n’a pas supporté) de divorcer, pour de bon, après plusieurs tentatives pour recoller les morceaux. Je l’ai écouté me raconter quelle mauvaise mère elle était, et comme c’était injuste qu’il lui paie une pension alors que les gamins étaient en garde alternée, et comment lui s’était sacrifié pour ses gosses et pas elle… J’ai écouté. J’étais amoureuse, j’étais bien là pour écouter, voire compatir. Mais je pensais au fond de moi : il doit exagérer. C’est la tristesse et la haine qui biaisent son discours. Je me le disais intérieurement, mais je ne l’exprimais pas.
Et puis, au fur et à mesure des mois, puis des années, j’ai vu Machiavela agir.  Et maintenant, je le pense : cette femme est immature, irresponsable et méchante. Elle s’est avérée nocive, pour nous, pour ses enfants. Mais comme elle est extrêmement maligne, il est facile de ne pas le voir. Il faut beaucoup de mots, de récits, de preuves, pour l’appréhender telle qu’elle est, vraiment.
Je ne suis pas jalouse de Machiavela. Elle est plutôt belle femme, certes, elle est plus grande que moi, son port a quelque chose de plus altier. Elle a aussi de plus gros seins, mais l’indiscrétion de Beau-Fils Chéri m’a fait comprendre que ce n’était pas naturel (Il y a peu, devant la télé, alors qu’un reportage parlait des prothèses mammaires, il s’est exclamé : ‘Ah mais c’est ça les nouvelles cicatrices que ma mère a sous les bras !). Mais tout cela n’est que physique, et surtout, même de ce point de vue, j’ai l’avantage de ma jeunesse (elle a 15 ans de plus que moi), et puis elle a des plus grosses fesses, elle est refaite de partout, plusieurs opérations du nez, des injections multiples sur le visage, des liposucions régulières (elle fait du cheval, et l’équitation, c’est bien connu, ça fait un gros cul): nous n’avons rien en commun. Mon modèle de mère, que j’ai quand même un peu dépassé je l’avoue, repose sur l’utilisation de l’unique Crème Nivea, la vraie la grasse la bleue foncée, qui a été, jusqu’à ce qu’elle ait près de 50 ans, l’unique produit de beauté de Maman. Alors même si je me mets déjà de l’antiride et que j’adore changer de couleur de cheveux, je crois pouvoir dire que mon état d’esprit devrait me prémunir de cette obsession que Machiavela a d’avoir un physique sans faute. Je préfère deux bons footings par semaine pour assurer ma pérennité.
Machiavela est hôtesse de l’air, et quand je le dis, il n’y a rien de péjoratif a priori. Pour avoir, trois étés durant, exercé ce métier en job d’été, je peux dire que j’aime plutôt la fonction. J’aurais pu, malgré mes cinq années d’études, me laisser tenter par une carrière d’hôtesse (des salaires plus que corrects, au moins une semaine de repos d’affilée dans le mois, des hôtels de luxe à l’autre bout du monde). Mais Machiavela représente l’hôtesse sous son plus mauvais jour : cruche, inculte, feignante. Ainsi, elle use et abuse des facilités offertes par Air France, grâce à force demandes de temps partiel, journées enfants malades même quand ceux-ci sont chez leur père (personne ne vient vérifier), arrêts maladies fictifs – dans cette boite, la carence de jours d’arrêts maladie se compte sur l’année. Si bien que, passés les 5 premiers jours où vous êtes absents pour maladie classiques (donc sans solde), tous les autres seront payés. Il serait donc dommage, ensuite, de se priver, sporadiquement, de quelques périodes de repos de deux ou trois jours tout au long de l’année, puisque votre salaire vous est versé normalement.
Machiavela n’a pas son bac, ce n’est pas grave, mais elle n’a jamais cherché à compenser son manque de réussite académique par d’autres qualités avérées. Elle ne sait pas cuisiner, ni peindre, ni bricoler. Elle ne lit que Mary Higgins Clark. Elle n’a jamais brillé par le respect de ses devoirs de mère ou d’épouse.
Ce qu’elle sait bien faire en revanche, c’est rigoler, elle est délicieuse en société, les gens se disent qu’elle est un peu bébête mais tellement drôle avec ses blagues qui tournent autour de bite-cul-prout, le tout agrémenté de grimaces d’adolescente attardée.
Et puis si, je dois lui reconnaître un don : celui de toujours parvenir à être riche, sans avoir à faire d’effort. Pour ça, vraiment, elle est très forte. Et je pense qu’elle sera, toujours, bien plus riche que moi.