jeudi 2 février 2012

Auuuuuuujourd'hui, j'ai rencontré, l'homme de ma vie !


Une belle histoire de marâtre commence par une belle histoire d’amour.
J’ai souvent repensé à ma rencontre avec Chouchou, surtout dans les moments où je me demandais pourquoi je faisais tous les efforts du monde pour être une bonne belle-mère. La vérité, c’est ça : si on fait tant de sacrifices, c’est juste parce qu’on aime le père de ces enfants souvent ingrats qui ne sont pas les nôtres mais pour qui on est prête à tout. Nous allons atteindre le cap fatidique des 7 ans de vie commune, et je pense que le pire est derrière nous. Si j’avais du me rendre compte que nous n’étions pas faits l’un pour l’autre, les événements m’auraient poussée depuis longtemps à le faire.
C’était en août 2005. J’avais 23 ans. Pour la troisième année consécutive, j’occupais mes deux mois de vacances scolaires à faire l’hôtesse de l’air. C’était un job en or, je voyageais aux frais de la princesse, me lovais dans les lits immenses d’hôtels dont  le prix des chambres aurait dû m’interdire de mettre les pieds avant de nombreuses années. Une fois en escale, je crapahutais à droite à gauche, chaque fois j’avais planifié les excursions que je voulais faire, les musées à visiter, les boutiques à dévaliser. J’expérimentais la vie en équipage, les fausses histoires d’amour et les vraies histoires de cul, il ne se passait pas un vol sans qu’un couple éphémère se forme – parfois j’en étais, je l’avoue. A l’autre bout de la planète, les gens oubliaient femmes, maris et enfants, c’était facile, ils n’en éprouvaient aucune culpabilité. Quelque part, ils étaient ailleurs. Ils avaient deux vies, strictement parallèles, qui jamais ne se recoupaient, et, pour beaucoup, coucher avec un ou une inconnu(e) ne revêtait pas du tout les formes de l’infidélité. Après tout, quand ils rentraient à la maison, ils étaient fidèles. Rarement les histoires se prolongeaient au-delà de l’escale, et c’était pour chacun une manière de minimiser, voire d’ignorer, une quelconque faute. C’étaient des parenthèses, courtes, bornées, limitées. Rien à voir, disaient-ils, avec de l’adultère.
Bref, j’en avais bien profité.
Je partais pour Miami, c’était mon avant-dernier vol. Quinze jours plus tard, je devais commencer un boulot de chargée de com dans une agence parisienne. J’étais dans le bus qui devait nous mener à l’avion. J’étais assise au fond, j’avais déjà, pendant le briefing, fait la connaissance des autres hôtesses et stewards. Le commandant de bord était passé également. Et puis là, il monta. C’était le co-pilote : 3 gallons à l’épaule. Quand je raconte ça, tout le monde croit que j’exagère, mais pourtant c’est ainsi : quand je l’ai vu monter dans le bus, je me suis dit ‘C’est lui !’.
La réciproque n’est pas du tout vraie, ce qui devrait rassurer sur la véracité de l’histoire. Si on avait été dans un film, il m’aurait regardée comme je le regardais, nos regards se seraient croisés, des petits cœurs se seraient répandus dans le bus, tout le monde se serait tu et les violons auraient résonné dans l’habitacle de l’autocar. Pas du tout. Il ne m’a pas vue, s’est assis devant, et le bus a démarré.
Pendant le vol, j’allai faire une visite au cockpit. Les pilotes, en général, aiment bien les hôtesses étudiantes, mais pas pour les sauter. Elles ne sont pas blasées, aiment ce qu’elles font, ont une autre vie en dehors de ‘la Compagnie’, et un recul qui souvent manque aux hôtesses qui font ce métier depuis des années. Je trouvais ce mec plutôt rigolo. Et puis ça m’avait marqué, il était allé se faire son café tout seul, et m’en avait proposé un. C’était rare les pilotes qui allaient se préparer leur café comme des grands. En fait, il était aimable.
Le soir, arrivés à Miami, j’allai dîner avec lui  ainsi que 2 ou 3 autres membres d’équipage. J’étais assez intimidée, et ça ne me ressemblait pas. Plus tard, nous allâmes, lui, un steward et moi, boire quelques bières chez Hooters, ce fantastique endroit où les filles circulent sur des patins à roulette avec des jupes raz-le-péché. Je bloquais clairement sur lui. Lui, de son côté (il me le dit plus tard), était persuadé que je draguais l’autre mec (n’importe quoi, il était moche, menfin bon !). La discussion tourna autour des hommes, des femmes, de l’infidélité, et, déjà, de son divorce et de ses enfants. Moi la dévergondée, j’étais paralysée et dans l’ignorance de la manière d’aborder ce type.
Nous rentrâmes à l’hôtel. L’expérience m’avait appris que c’était dans l’ascenseur que les membres d’équipage qui souhaitaient continuer à partager un peu de temps s’échangeaient leur numéro de chambre. Quand l’ascenseur s’arrêta à mon étage, il me souhaita une bonne nuit, je descendis, et allai me coucher toute seule. Bien plus tard, il m’apprit que jamais il n’avait couché avec une hôtesse en escale, que c’était une question de principe. Quand il était célibataire, il lui était arrivé d’en recontacter quelques unes après, mais n’avais jamais rien consommé pendant ces poches de temps suspendu ou rien n’est tout a fait normal.
Bref, c’était mal barré. 

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