Machiavela serait contente de savoir que je lui consacre mon premier billet. Elle aime se sentir au centre du monde, et surtout, surtout, jubile à l’idée que l’on puisse parler d’elle. Elle cherche à occuper le terrain tant bien que mal. Elle rêverait de boire le café avec moi, comme deux bonnes copines qui ont pour point commun d’avoir partagé la vie du même mec (et accessoirement, de lui avoir fait chacune deux enfants). Mais Machiavela se croit dans un film. Et ça, ce n’est pas possible.
J’en entends déjà me dire : c’est tellement cliché de haïr l’ex-femme de son mec. Mais je vous arrête.
Au début, j’ai écouté mon amoureux parler d’elle. Ses coucheries, ses tromperies, ses mensonges. Puis de sa décision à lui (et c’est bien ce que Machiavela n’a pas supporté) de divorcer, pour de bon, après plusieurs tentatives pour recoller les morceaux. Je l’ai écouté me raconter quelle mauvaise mère elle était, et comme c’était injuste qu’il lui paie une pension alors que les gamins étaient en garde alternée, et comment lui s’était sacrifié pour ses gosses et pas elle… J’ai écouté. J’étais amoureuse, j’étais bien là pour écouter, voire compatir. Mais je pensais au fond de moi : il doit exagérer. C’est la tristesse et la haine qui biaisent son discours. Je me le disais intérieurement, mais je ne l’exprimais pas.
Et puis, au fur et à mesure des mois, puis des années, j’ai vu Machiavela agir. Et maintenant, je le pense : cette femme est immature, irresponsable et méchante. Elle s’est avérée nocive, pour nous, pour ses enfants. Mais comme elle est extrêmement maligne, il est facile de ne pas le voir. Il faut beaucoup de mots, de récits, de preuves, pour l’appréhender telle qu’elle est, vraiment.
Je ne suis pas jalouse de Machiavela. Elle est plutôt belle femme, certes, elle est plus grande que moi, son port a quelque chose de plus altier. Elle a aussi de plus gros seins, mais l’indiscrétion de Beau-Fils Chéri m’a fait comprendre que ce n’était pas naturel (Il y a peu, devant la télé, alors qu’un reportage parlait des prothèses mammaires, il s’est exclamé : ‘Ah mais c’est ça les nouvelles cicatrices que ma mère a sous les bras !). Mais tout cela n’est que physique, et surtout, même de ce point de vue, j’ai l’avantage de ma jeunesse (elle a 15 ans de plus que moi), et puis elle a des plus grosses fesses, elle est refaite de partout, plusieurs opérations du nez, des injections multiples sur le visage, des liposucions régulières (elle fait du cheval, et l’équitation, c’est bien connu, ça fait un gros cul): nous n’avons rien en commun. Mon modèle de mère, que j’ai quand même un peu dépassé je l’avoue, repose sur l’utilisation de l’unique Crème Nivea, la vraie la grasse la bleue foncée, qui a été, jusqu’à ce qu’elle ait près de 50 ans, l’unique produit de beauté de Maman. Alors même si je me mets déjà de l’antiride et que j’adore changer de couleur de cheveux, je crois pouvoir dire que mon état d’esprit devrait me prémunir de cette obsession que Machiavela a d’avoir un physique sans faute. Je préfère deux bons footings par semaine pour assurer ma pérennité.
Machiavela est hôtesse de l’air, et quand je le dis, il n’y a rien de péjoratif a priori. Pour avoir, trois étés durant, exercé ce métier en job d’été, je peux dire que j’aime plutôt la fonction. J’aurais pu, malgré mes cinq années d’études, me laisser tenter par une carrière d’hôtesse (des salaires plus que corrects, au moins une semaine de repos d’affilée dans le mois, des hôtels de luxe à l’autre bout du monde). Mais Machiavela représente l’hôtesse sous son plus mauvais jour : cruche, inculte, feignante. Ainsi, elle use et abuse des facilités offertes par Air France, grâce à force demandes de temps partiel, journées enfants malades même quand ceux-ci sont chez leur père (personne ne vient vérifier), arrêts maladies fictifs – dans cette boite, la carence de jours d’arrêts maladie se compte sur l’année. Si bien que, passés les 5 premiers jours où vous êtes absents pour maladie classiques (donc sans solde), tous les autres seront payés. Il serait donc dommage, ensuite, de se priver, sporadiquement, de quelques périodes de repos de deux ou trois jours tout au long de l’année, puisque votre salaire vous est versé normalement.
Machiavela n’a pas son bac, ce n’est pas grave, mais elle n’a jamais cherché à compenser son manque de réussite académique par d’autres qualités avérées. Elle ne sait pas cuisiner, ni peindre, ni bricoler. Elle ne lit que Mary Higgins Clark. Elle n’a jamais brillé par le respect de ses devoirs de mère ou d’épouse.
Ce qu’elle sait bien faire en revanche, c’est rigoler, elle est délicieuse en société, les gens se disent qu’elle est un peu bébête mais tellement drôle avec ses blagues qui tournent autour de bite-cul-prout, le tout agrémenté de grimaces d’adolescente attardée.
Et puis si, je dois lui reconnaître un don : celui de toujours parvenir à être riche, sans avoir à faire d’effort. Pour ça, vraiment, elle est très forte. Et je pense qu’elle sera, toujours, bien plus riche que moi.
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