J’ai signalé ici l’ouvrage de Dominique Deveudeux, Au secours, je suis une marâtre ! comme une source d’information sur les belles-mères.
Qu’en dire ?
D’abord que Dominique Devedeux parle en tant que marâtre et en tant que psychanalyste, et qu’on doit lui donner le crédit de l’expérience : celle qu’elle a vécue d’un point de vue personnel, et celle qu’elle a tiré de nombreuses années de pratique au sein de son cabinet, dans lequel elle a entendu de nombreuses belles-mères et belles-filles. Je la crois de toute bonne foi lorsqu’elle précise que les exemples rapportés sont véridiques, et non exagérés, bien qu’elle assume parfaitement le statut de pamphlet à son ouvrage, et son parti pris : raconter les méfaits des belles-filles à l’égard de leur belle-mère.
Car ce que j’avais vaguement déduit de mon expérience est ici clairement énoncé : oui, mieux vaut avoir à s’occuper des garçons de notre amoureux plutôt que de ses filles. Pourtant, tout au long de ma lecture, j’avais le sentiment que les événements que j’avais vécus étaient bien en deçà de ce que la majeure partie des belles-filles semblent faire endurer à leur belle-mère. Oui, souvent, j’avais envie de croire que le propos était un peu démesuré. Pourtant, je ne pense pas.
Si j’estime m’en être plutôt bien sortie avec ma belle-fille (toute proportion gardée, car, au final, ça s’est mal fini – mais j’y reviendrai), c’est évidemment grâce à la posture de Chouchou. Dominique Devedeux le précise bien, quand elle exprime, en parlant du père, que « c’est entre ses mains que repose notre sort. Lui seul peut énoncer clairement à toute sa tribu quelle est notre place, et la faire respecter. »
Ce qui m’a frappé, précisément, c’est le tableau du père peint en filigrane dans cet ouvrage : les pères sont mous, ne prennent pas parti, arrondissent les angles, laissent le champ libre à leurs filles pour détruire leur belle-mère. Comme si l’amour de leur fille, par définition antérieur à celui qu’ils éprouvent pour leur nouvelle femme devenue ainsi belle-mère, passait en priorité. L’enjeu principal, me semble-t-il est donc ici : l’essentiel serait d’éduquer les pères aux fondamentaux de la psychologie œdipienne. Car s’ils les maîtrisaient, ils comprendraient vite que le garant du bonheur d’une famille recomposée tient dans une seule valeur forte et simple : celle du respect.
Mes beaux-enfants n’ont jamais eu d’autre choix que de me respecter. J’étais le nouvel amour de leur père, la seule et unique femme que leur père leur ait jamais présentée depuis sa séparation d’avec leur mère (qui remontait à près de 4 ans). Il était, aux yeux de ses enfants, un homme fort, sûr de lui et de ses choix. Les enfants n’avaient pas de raison d’avoir de crainte quant à mon introduction dans la vie de leur père : il avait suffisamment été confronté aux méfaits de femmes pour savoir flairer l’embrouille. En tout état de cause, je ne voulais pas de mal à leur père.
Je ne nie pas que ma belle-fille ait signifié, dans son comportement, une certaine réticence à me voir prendre la place de la femme qu’elle tenait auprès de son père depuis le divorce de ses parents. Mais ses interrogations étaient contenues, car elles n’avaient pas droit de cité, et c’est probablement ce qui, en six ans, l’a empêchée de me rétorquer la phrase préférée des beaux-enfants : ‘D’abord, t’es pas ma mère !’.
Paradoxalement, je suis également persuadée que c’est ce qui l’a amenée, lorsqu’elle a eu 18 ans, à claquer la porte de notre foyer qu’elle avait pourtant demandé de rejoindre à temps plein quatre années plus tôt. Comme si elle avait cru que la majorité désormais acquise la légitimait à renier toutes les valeurs sur lesquelles son père avait basé son éducation. Et effectivement, quand la barrière du respect a eu sauté, il n’est rien resté des relativement ‘bonnes’ relations que j’entretenais avec elle – et accessoirement, de celles, pourtant excellentes, qu’elle entretenait avec son père.
La morale coule de source : c’est bien au père de fixer les règles et les limites. Mais, comme dans toute famille, il apparait que les enfants, peuvent, en grandissant, leur échapper. Quand les enfants deviennent adultes, ils font leur propre choix. L’avantage, c’est qu’une fois adulte, la belle-fille n’a plus l’obligation de partager le quotidien de sa belle-mère. C’est pourquoi aujourd’hui, bien que ma belle-fille chérie m’affuble désormais très probablement de tous les gentils noms que Dominique Devedeux liste dans son ouvrage (« la pouffe, la pétasse, la connasse, la vieille bique, la peau de vache, la salope, la belle doche (ou la moche doche), l’autre, la tache, la conne, l’abrutie, la naze »), nous ne sommes plus là pour l’entendre.
Alors je me dis : je m’en suis bien sortie.
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